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Flux Jazz
2 août 2011

Laminaire de Mathias Pontevia : Un Rêve Nu

MP01-800Je crois que nous n'avons pas (ou peu) d'exemple d'un disque de batterie seule en jazz (voir commentaire de "Julien").
On garde naturellement à l'esprit ceux des percussions de Strasbourg (ou d'un Sylvio Gualda). Ce type de musique fait appel à une instrumentation riche, complexe.
Ce n'est pas le cas avec Mathias Pontévia qui en général se produit avec une grosse caisse posée horizontalement, quelques cymbales, peut-être une plaque métallique, voilà tout.

On trouve un disque totalement dédié à la batterie et une instumentation aussi frugale chez un autre bordelais, Didier Lasserre : "Les nerfs sont silences" (voir Jazz à Paris). Il s'agit cette fois de musique improvisée.
Mais alors que Didier Lasserre est un concentré d'intériorité et un plasticien de l'espace, Mathias Pontévia, derrière ses lunettes rondes, apparaît comme un lutin espiègle, pétri d'humour, et un pur poète des sons, particulièrement exigeant.
C'est, en effet, le sentiment qui domine à l'écoute de ce CD, "Laminaire".
Bien difficile de rendre compte de cette heure de musique.
Je n'ai pas été sensible à l'impact du titre des pièces ("le cheval et le serpent", "baie d'Along" ...) à moins qu'il s'agisse de métaphores très lointaines, quasi évanescentes (on peut trouver de vagues traces, comme s'il s'agissait d'éveiller notre imaginaire).
Pas davantage sensible à celui des lieux d'enregistrement ("dans" le lac de Rasisse, on imaginerait bien un Pontévia officiant dans une bulle de verre flottant entre deux eaux au grè des courants, des différences subtiles de températures : l'imaginaire toujours).
Non, c'est bien l'étonnement qui prévaut devant une telle richesse de sensibilité, de couleurs, une telle variété des parcours, des pièces, avec une instrumentation aussi limitée. On aimerait parler d'une "composition contemporaine", mais à l'écoute, je n'ai pas discerné une trajectoire, une organisation d'ensemble : peut-être mon inculture est-elle en cause ?
Je crois plutôt que, seule aujourd'hui, la musique improvisée permet de tels voyages. J'allais dire "errances" pour signifier l'absence d'un objectif clair, d'une intention, mais ce mot pourrait faire penser à des hésitations, et ce n'est pas le sentiment que donne Pontévia. Non, le guide majeur est la découverte sonore de l'instant qu'il propose à l'auditeur. Il nous fait rêver tout éveillés, hyper attentifs aux sons, aux sentiers parcourus. Tout compte, y compris le déploiement du son, ses résonnances, l'instant des frappes, la survenance des frottements.
Peut-être sans intention de sa part, Mathias Pontévia cultive notre écoute, aiguise notre sensibilité, sans verser dans un minimalisme épuisant.
Il faut l'accompagner, faire un bout du chemin avec lui. On en sort en meilleur étant qu'en y entrant, tout étonnés qu'un telle modestie de moyens puisse être aussi riches de potentialités.

Pour écouter cette musique, il suffit d'aller voir "un rêve nu" (quel nom de site, de label !) et d'y puiser tranquillement cet opus de Mathias Pontévia. C'est gratuit sous forme électronique.

Laminaire en téléchargement
fondweb-800

Pour l'objet, oeuvre d'art unique, numérotée, passez par la case Carte Bleue.
Enfin, si vous êtes un collectionneur compulsif, qui accumule sans toujours écouter, il vous faudra faire une exception : le plaisir de cette musique s'accroît au fil des écoutes, comme le goût d'un vin qu'on a laissé respirer.

 

Voir aussi chronique sur Improv Sphere .

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Commentaires
J
pour les autres exemples de solo en batterie: il y en a deux de Seijiro Murayama et l'excellent 'tambour, pas tant' de Sébastien Bouhana sur le netlabel Insubordinations<br /> <br /> excellente chronique sinon
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H
merci Guy pour cette chronique.
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