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Flux Jazz
17 mai 2011

Archipel des Grands Chaos

Alan Silva - image extraite de la vidéo
Alan_SilvaUn soir, de retour de concert, ce petit panneau au fond d'une rame de métro, en écho à Paris en toutes lettres.

"Toujours Paris s'écrie et gronde.
Nul ne sait, question profonde !
Ce que perdrait le bruit du monde
Le jour où Paris se tairait !"
(Victor Hugo)


Paris est parfois loin de la France, du moins celle de l'Europe.
Ses clameurs viennent aussi d'ailleurs, des Antilles.
Edouard Glissant est né à Sainte Marie, en Martinique, et a été formé au lycée Schoelcher de Fort-de-France. Schoelcher, figure emblématique de la lutte pour l'abolition de l'esclavage.
Frantz Fanon est lui aussi né en Martinique, à Fort de France, et a été formé au même lycée Schoelcher.

Paris c'est bien sûr aussi sa banlieue, à la vie culturelle si intense.
C'est à la Dynamo, à Pantin, qu'étaient invités Jacques Coursil (tp) et Alan Silva (b) pour un set d'une heure, sur des textes d'Edouard Glissant  et de Frantz Fanon .

"Le musicien n'est rien,
Seul compte le magicien."

C'est ainsi que s'exprimait en substance Jacques Coursil après le premier morceau, en guise d'introduction au mots d'Edouard Glissant. Le magicien, c'était l'écrivain dans l'esprit du trompettiste, celui de "L'archipel des Grands Chaos - La Traite".
Bien sûr, il y a cette révolte contre un destin invraissemblable fait à toute une partie de l'humanité, avec des mots en écho à cet état insoutenable mais aussi avec une étonnante absence de rancoeur.
Les faits sont là : "Les Grands chaos s'en sont venus / Les Grands chaos sont sur la place / Drapée de plaies / Nommez-les / Vêtement de plaies / Criez-les".
La haine des uns n'est pas un tremplin pour la violence en retour. La puissance des mots, la sublimation d'un destin.

La déclamation par Jacques Coursil des textes de Glissant est parfois scandée, hâchée, les mots sont détachés, comme pour les rendre plus percussifs encore.
La musique en revanche suit cette trace de sensibilté exacerbée, de retenue aussi, et d'échappée belle.
Plaisir d'entendre à nouveau les grands déchirements dissonants à l'archet d'Alan Silva, ou le claquement de ses cordes, la gravité des notes, des phrases. En écho, des cris à la trompette, des raclements, des roulements aussi, d'une sensibilité aigüe pour partager l'émotion de l'instant, le souvenir terrible.

Plus de 20 minutes de rencontre.


...

Quelques images, fixes cette fois. Il suffit de cliquer sur la photo
Coursil___Silva

 Jacques Coursil s'était trompé, par excés de modestie. Ces musiciens là sont aussi des magiciens, de la sensibilité.
---

Peut-être, une autre fois, des images sur des textes de Frantz Fanon.


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