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Flux Jazz
23 décembre 2009

20 ans d'In Situ à l'Echangeur - 27 au 29 septembre 09 (par Claude Parle)

Des photos, des vidéos mises en ligne, et Claude Parle se mobilise pour produire l'article qui suit.
Je ne ferais que l'illustrer de quelques images, et tout d'abord des photos du 27 novembre.

Pour voir l'album, il suffit de cliquer sur la photo
09_11_27__44_In_Situ_20_ans_Daunik_Lazro
Daunik Lazro - photo dolphy00

WormHoles An 3

Vendredi 27

On pouvait croire que le tout Paris des musiques improvisées et des sons décalés se trouvait in situ à l'Echangeur pour les vingt ans du label du même nom ! ...
Cela ressemblait un peu au rassemblement du fameux "Liberation Music Orchestra" de Charlie Haden avec les musiciens, les aides, les amis ...

Une vaste communauté musicale inspirée sans doute par les dons fédérateurs de Théo Jarrier et Didier Petit depuis ...20ans donc ! ...
La présentation de l’étendue accore* des parutions  par Théo Jarrier, Didier Petit, Hervé Péjaudier et Etienne Bultingaire avait quelque chose d'émouvant ...tant dans sa forme que dans son contenu ...

Après un beau texte d'Alex Pierrepont, une improvisation à peine décalée caviardée des évocations d’auteurs et de signataires du label, comme un jeu de la pierre et du ciseau entre Didier et Théo …tandis qu’Hervé Péjaudier déroulait une forme d’histoire de cette unique collection comme on parcours une fresque a demie effacée …  souvenirs de Fellini Roma …

On pourra se faire une idée de ce set avec ces deux séquences

Et alors, Daunik vint ...
Tout seul, au baryton.
Il commence de parler d'une chatte disparue, puis il regarde les quelques notes d'un motif qu'il a resserré sur le papier ...
Il commence à jouer. Les notes graves, profondes font comme un sillage dans le calme du grand théâtre ...
Puis il pousse , à bout de langue,comme on le dit des bras,  des aigus puissants, de plus en plus tranchants, de plus en plus incisifs ... l'anche tenue à bout de dents, à bout de souffle ...comme un chasseur s'arrache à l'appontement d'un porte avion ...
L'appareil nous gifle le visage au passage de son souffle dévastateur puis s'égare à nos yeux, à nos sens, les sons redeviennent d'un grave montagneux, terriens ...s'enfoncent à l'horizon d'un paysage naufragé, en train de sombrer devant nous ...

Le très beau set de Daunik Lazro en quasi totalité et en deux vidéos :

Héléne Breschant et Wilfried Wendling
Lourde tâche de succéder à ce météore ...
Les beaux sons gestés d'Hélène appuyés et enliés par le travail sensible de Wilfried malgré une acoustique un peu réverbérante (du moins au premier rang) ont réussi peu à peu à évaporer la nostalgique rosée du saxophone et ont tissé une vibrante construction d’éphémères et de cicindèles** bruissantes et mouvantes, frémissante entomologie cernant la scène, l’espace tout entier et nous liant en d’étranges cocons pour une improbable éclosion …

***

Dimanche 29

Dominique Répécaud + Heidi Brouzeng
Toujours un peu surprenant le travail de Dominique Répécaud
Savamment structuré ....avec un conducteur laissant une forme suffisamment libre pour que les sons se laissent construire et apprivoiser, avec un simple guitare et quelques effets ...
La voix d'Heidi, puissante et dentelée, découpant le texte comme un subtil jeu de silhouettes de papier,  construisant avec Répécaud une sorte d'origami en 3D qui réussit à tenir l'attention durant ce long parcours ferroviaire ! ...

Lê Quan Ninh solo

Malgré la fatigue accumulée par les voyages et décalages horaires, Lê, toujours resserré, ramassé sur lui-même entame tranquille son solo …
Il déroule avec méthode une trame qui va aller se complexifiant, tendue vers on ne sait quel horizon lointain, montant élément par élément tant physique que rythmique, une étrange construction qu’il va bientôt se mettre en demeure d’escalader …
Quand la base semble suffisamment stable, il lance des résonances entretenues d’objets en bronze …en acier …improbable métallurgie au service d’un sondeurs de fonds marins, a moins qu’il ne lance des cordes au dessus des précipices tel un ouvreur accompli vers d’impossibles sommets …
Car c’est bien le paradoxe de cet infatigable explorateur de tempi que de nous mettre devant l’impossibilité de décider si l’on est au fond des abysses ou au dessus des cimes … voire des deux simultanément !
Une impitoyable pulsation semble animer ce forgeron dément qui relègue Vulcain au rang de simple agitateur de soufflet et Eole sur les bancs d’une chorale pour aspirant choriste …
En bon démiurge, Lê va ensuite déconstruire avec minutie la cathédrale polyrythmique qu’il s’est ingénié à parfaire … cela lui prendra moins de temps, laissant mourir les résonances, lâchant un temps, usant une attente en frottements discrets …
Autorisant enfin le public à prendre son souffle …

Claude Parle

NB : je n’ai pas assisté aux concerts de samedi ni à la fin de dimanche (Après Lê Quan Ninh)

On pourra aussi voir la dernière séquence du très surprenant duo Charlène Martin - Bertrand Binet sur Youtube .

* accore : escarpé
** cicindèle : insecte coléoptère, carnassier, aux couleurs variées et bariolées

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Commentaires
D
Il s'agit d'une chronique de jazz, pas d'une création littéraire (ah! Novarina !)<br /> J'ai cherché "amonter", en vain bien sûr.<br /> Sans cette correction, les lecteurs auraient encore conclu à une coquille de ma part ...<br /> On peut remettre "amonter" .... mais il faudrait accepter une nouvelle note de bas de page, un peu comme dans les Classiques Bordas<br /> <br /> Et puis, j'avais corrigé avant l'heure les qq et autres abrv.<br /> Encore merci de tes textes, Claude.
Répondre
C
alors ? tu fais des corrections et des notes de bas de page ? ! ! <br /> J'ai inventé le néologisme : "amonter" parce que je voulais mettre l'accent sur l'idée d'un montage en qq sorte préexistant à un montage quelconque ...<br /> (ds la phrase : amontant élément par élément ds le paragrphe sur Daunik)
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